Une rupture écologique ?

Illustration des possibles éoliennes offshore au large de Quiberon

À 30 kilomètres au large de Quibreon, un champ d’éoliennes pourrait voir le jour.

© Titouan Catel–Daronnat (photo), Mathis Nicod (collage non représentatif)

Vents contraires pour l'éolien marin

Dans le Morbihan, un projet d’éolienne en mer suscite une féroce bataille de communication sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Avec en toile de fond deux visions de l’écologie qui s’opposent.

Texte : 

Titouan Catel–Daronnat

Podcast : 

Zoé Vannarath

Au loin, l’horizon est calme. L’eau de la baie de Quiberon se confond avec le ciel gris et bas de décembre. En attendant l’implantation d’un champ d'éoliennes flottantes dans la zone, c’est sur la terre ferme que ça bouillonne. Alors que les travaux doivent démarrer en 2030, les adversaires du projet profitent de la phase de développement pour redoubler d’efforts avant qu’il ne soit trop tard. “On est sur une belle dynamique, la population se soulève”, se réjouit Anicette Jacopin, présidente de l’Association pour l’application de la loi littoral dans le pays d’Auray (AALLPA), une des figures de proue de l’opposition locale au projet.

Un projet éolien titanesque

Infographie sur le projet d'éolienne dans le Morbihan

© Juan Bourgier

Au cours du mois de novembre 2025, plusieurs mairies morbihannaises ont voté des délibérations consultatives à l’encontre du projet de raccordement électrique entre les éoliennes et le continent, porté par Réseau de transport d’électricité (RTE): Quiberon le 12 novembre, Erdeven le 13, Saint-Pierre-Quiberon le 17, Plouharnel le 18, Groix le 19 et trois communes de Belle-Île, opposantes de plus longue date, 1er décembre Les communautés de communes sont dans le mouvement: le bureau de Auray-Quiberon-Terre-Atlantique (AQTA) a voté une délibération en ce sens le 28 novembre et le conseil communautaire de Belle-Île-en-Mer le 1er décembre (celui-ci rejetait le projet depuis plusieurs mois).. Toutes avaient reçu un courrier de la préfecture du Morbihan entre mi-septembre et début octobre leur demandant de se réunir pour donner un avis sur le projet de construction de trois liaisons sous-marines ensouillées Enfouies sous le sol marin., d’un poste de raccordement en mer et l’agrandissement du poste électrique à terre. Le délai pour y répondre était de deux mois, conformément à la procédure prévue par le code de l’environnement, l’absence de retour dans les temps valant avis favorable.

Deux mois paraissent bien courts au regard de la technicité d’un dossier de plusieurs milliers de pages. Certaines communes consultées n’avaient même pas de réunion du conseil prévue dans ce laps de temps. De quoi crisper les élus locaux, qui se serrent les coudes. La maire d’Auray, Claire Masson (Les Écologistes), salue un “climat détendu et d’écoute entre élus qui nous a permis d’adresser un message commun à l’État pour dire que nous ne sommes pas d’accord avec le manque de concertation et les circonstances de ce projet”.

Sous la pression des associations

Derrière cette fronde des élus, une opposition associative et locale multiplie les actions de communication, sur le terrain et sur les réseaux sociaux: “On sort des communiqués de presse comme on respire”, s’esclaffe Roland Rozo, trésorier et membre fondateur des Gardiens du large. L’association, créée fin 2020, en réaction à l’annonce du parc éolien, déplore l'impossibilité technique du projet, son impertinence en termes de politique énergétique et l’exclusion de toutes les autres activités dans la zone. Pour convaincre, ils ont opté pour une stratégie visant les cercles de décision locaux, et en premier lieu les communes de la presqu’île.

À l’occasion des conseils municipaux de novembre 2025, Gildas Gouarin, vice-président des Gardiens du large, s’est mué en professeur de physique. Il faut dire que l’ancien ingénieur et cadre d'EDF a pignon sur rue dans la région: “Je connais tous les maires du littoral”, s'enorgueillit le conseiller municipal d’opposition quiberonnais. À la demande des maires de Quiberon puis de Saint-Pierre-Quiberon, l’ancien étudiant de Supélec a fait son exposé du projet, “une présentation d’environ 60 slides actualisée au fur et à mesure”.

Dans les deux cas, la présentation de Gildas Gouarin a abouti à un débat, puis à un vote qui s’est soldé par un avis négatif, à l'unanimité. “C’est une grande victoire, et Gildas y est pour quelque chose”, se félicite Roland Rozo, lui-même ancien conseiller municipal et adjoint au maire de Quiberon entre 2014 et 2020. Robert Ployart, un ancien du Commissariat à l’énergie atomique et également fondateur des Gardiens du large, loue lui aussi un “exposé très complet qui leur a ouvert les yeux”.

“On veut plus que des mots. Un avis consultatif, ça ne mange pas de pain.”

Anicette Jacopin

Durant une heure, il déroule son cours de façon ludique: “Je me suis procuré une éolienne de laboratoire, que je fais tourner grâce à un souffleur. Un boîtier électronique et une led attachés à l’éolienne montrent la puissance théorique produite par l’éolienne en fonction de la force du vent. Alors je simule un vent de force 3, les pales bougent mais rien ne se passe. Je passe à force 4, force 5, là ça commence à s’allumer. Ça montre qu’il ne suffit pas qu’une éolienne tourne pour qu’elle produise de l’énergie.”

D’autres emploient des méthodes plus vigoureuses. Le 13 novembre au soir, trente militants de l’AALLPA et de l’association Préserver l'identité environnementale de Bretagne sud et des îles contre l'éolien en mer (Piebîem) se sont présentés au conseil municipal d’Erdeven. Pancartes anti-éoliennes à la main, ils ont assisté à la séance lors de laquelle était discuté le projet de raccordement du parc éolien au continent. “Le maire était comme un prof qui avait 30 cancres dans sa classe”, se souvient Anicette Jacopin, elle-même professeure d’anglais à la retraite. Sous sa casquette orange électrique en velours côtelé, la piquante présidente d’association souhaite pousser l’engagement des édiles encore plus loin: “On veut plus que des mots. Un avis consultatif, ça ne mange pas de pain.”

Portrait d'Anicette Jacopin, présidente de l’Association pour l’application de la loi littoral dans le pays d’Auray qui sourit

Anicette Jacopin, présidente de l’ALLPA, est devenue l’une des figures de l’opposition au projet éolien en l’espace d’un an.

© Titouan Catel–Daronnat

Les actions militantes se multiplient et brisent le calme automnal qui s’est installé après la frénésie estivale. Les Gardiens du large ont tracté plusieurs fois à la sortie des marchés, et ont même fait du porte-à-porte. Avec l’AALPA, Anicette Jacopin a organisé plusieurs réunions publiques, dont une avec le député local, Jimmy Pahun (Modem), et compte bien “passer à la vitesse supérieure”. Ces derniers jours, elle a entrepris de rassembler des membres de différentes associations locales, notamment Piebîem, dans le but de fonder un collectif pour porter plus loin leurs discours et coordonner leurs actions. La première se tiendra début janvier 2026, pour fêter les 40 ans de la loi littoral.

Tracter et se réunir

Face à cette ébullition, Pennavel Entreprise créée spécialement pour le projet d’éoliennes en mer au large de Quiberon. Elle est formée de BayWa r-e, filière énergie renouvelable du groupe allemand BayWa, et de Elicio, multinationale spécialiste de l’énergie renouvelable appartenant au groupe belge Nethys. Pennavel a remporté l’appel d’offre en mai 2024 pour la réalisation du projet., le consortium porteur du projet, ne reste pas les bras croisés: “Là où les oppositions seront, on ira”, indique Vincent Deshoux, chargé des relations locales. “Depuis le début de l’année, j’ai rencontré pratiquement tous les maires des îles, de la presqu’île, du littoral. Ça se passe toujours très bien.” Les déconvenues récentes pour le projet de raccordement, il les explique par “le principe de la consultation: c’est qui ne dit mot consent, seuls les gens qui ne sont pas d’accord s’expriment. Ensuite, il y a un amalgame entre notre projet et le projet de raccordement. Les élus se servent de cette tribune médiatique et politique pour exprimer une opinion assez forte sur l'intégralité du projet, alors qu'elles sont aujourd'hui interrogées sur le raccordement.” Derrière son ordinateur portable flanqué d’un autocollant “I ♥️ WIND [J’aime le vent]”, Vincent Deshoux veut croire à un changement de dynamique: “Les élections municipales rebattront les cartes dans certaines communes, et puis les oppositions sont très présentes car c’est un temps chaud, mais peut-être que dans six mois, elles se mobiliseront moins.”

Partout où les uns passent, les autres suivent. Pennavel a aussi organisé quatre réunions publiques, des “forums d’échange”, dans le jargon de l’entreprise. “L'idée, ça a été d'avoir une salle pendant une journée avec des panneaux informatifs. On y accueillait les gens et ils nous posaient toutes les questions qu'ils voulaient sur le sujet.” Petite touche ludique: une éolienne construite en Lego® était exposée pour ses vertus pédagogiques. Sa présence en irrite certains, à commencer par Roland Rozo, des Gardiens du large qui trouve que “ce n’est pas sérieux”. Vincent Deshoux concède: “Il y a eu des tensions verbales. Quand on annonce notre venue, on fait face en partie à une opposition de principe dogmatique, et les échanges sont quasiment impossibles. Ça fait partie du job.” Anicette Jacopin confirme et souligne, en souriant, la fébrilité du camp d’en face: “À Saint-Pierre-Quiberon, ça s’est très bien passé mais il y avait un panneau où il était inscrit ‘merci de ne pas nous insulter’.”

Portrait de Vincent Deshoux (à gauche) et Tanguy Halna (à droite), salariés de l'entreprise Pennavel,

Salariés de l’entreprise Pennavel, Vincent Deshoux (à gauche) et Tanguy Halna (à droite), s’appuient sur une éolienne miniature pour expliciter leur projet.

© Titouan Catel–Daronnat

Pour passer outre ces blocages, les cadres de Pennavel sont descendus dans la rue et ont pris place sur le marché d’Erdeven le 13 septembre dernier afin de créer “des échanges plus spontanés”. “Là où les gens ne nous attendent pas, ils ne viennent pas avec des banderoles ou des questions déjà préparées. Ça rend les échanges très riches. Il faut casser cette image de projet industriel imposé d’en haut qui n’écoute pas le territoire.”

Malgré ces tentatives, Vincent Deshoux concède que l'entreprise “n’a pas la même force de frappe que les opposants. On n’occupera pas le terrain autant qu’eux. Ils arrivent à être disponible sur chaque évènement.” Dans ce contexte difficile, elle se tient alors sur ses gardes: “On va adapter notre stratégie en fonction de la manière dont les oppositions vont intervenir sur le territoire. L'idée, c'est de ne pas laisser le champ libre.”

Le bon et le mauvais écolo

Les deux camps se retrouvent sur un point: chacun s'autoproclame défenseur de l’environnement et de l’écologie. Au danger que constituent les éoliennes pour certaines espèces d'oiseaux et de mammifères marins, on oppose l’effet récif permis par les installations sous-marines; à la production d’énergie décarbonée, on affiche le coût environnemental de la production d’une éolienne. “Ils vous disent qu’ils ont des chiffres, des études, mais ce ne sont pas toujours des informations qui sont publiques, ou validées scientifiquement, ou tout au moins dans un cadre étatique. Toutes les informations qu'on met en œuvre, c'est vérifié, ça vient de l'Ademe, ça vient de l'État”, avance Vincent Deshoux, de Pennavel. Gildas Gouarin, des Gardiens du large, défend aussi la scientificité de ses arguments: “On fait un travail de fond, argumenté, avec des gens renommés.”

Car l’État n’est plus une source de confiance pour les opposants, qui revendiquent une écologie de terrain, pratiquée avant les injonctions de Paris et de Bruxelles: “Les premiers écolos en mer, ce sont les pêcheurs”, appuie David Le Quintrec, président de l’Union française des pêcheurs artisans (UFPA), qui défend les petits pêcheurs face aux industriels. À bord de son bateau, l’Izel Vor II, installé au quai du Pourquoi-Pas, à Lorient, celui qui pêche depuis 1993 raconte fièrement comment, depuis le début, il “ramasse les poubelles” de l’océan lors de ses sorties en mer. Derrière son tableau de bord, il explique qu’il a augmenté de lui-même le maillage de ses filets pour améliorer la sélectivité de la pêche, en allant plus loin que les seuils réglementaires. Alors, pas question de voir une entreprise s’imposer dans la zone au nom d’une autre écologie: “Pennavel, ce n’est pas de l’écologie, c’est un système de pompe à fric caché derrière l’écologie.”

Portrait David le Quintrec, président de l'Union française des pêcheurs artisans

David Le Quintrec, président de l’Union française des pêcheurs artisans, défend les petits pêcheurs face aux industriels.

© Titouan Catel–Daronnat

David Le Quintrec travaille six mois dans la zone où doivent être implantés les parcs éoliens de Bretagne Sud. Pour les pêcheurs, une compensation est bien prévue: en septembre 2025, 12 millions d’euros sur deux ans ont été débloqués pour la filièreAu nom de la “taxe éolienne” créée en 2005 dont les exploitants de parc éolien en mer doivent s’acquitter tous les ans. Elle est affectée au fonds national de compensation de l’énergie éolienne en mer et son tarif est fixé à 20 248 euros par mégawatt installé. 50% de ce montant reviennent aux communes littorales et 35% aux comités de pêches.. “Le pognon est capté par les comités des pêches, alors que ce ne sont pas eux qui sont impactés par le parc”, enrage le pêcheur de 49 ans.

Chez Pennavel, écologie rime avec transition énergétique vers “une énergie décarbonée”. Et pas avec grand-chose d’autre. “L’objectif numéro 1 du projet, c'est de limiter les gaz à effet de serre”, insiste Tanguy Halna du Fretay, coordinateur pêche et usage maritime chez Pennavel, et ancien du comité départemental des pêches. C’est la justification écologique du projet, sa raison d’être en quelque sorte: “L’État prévoit de massifier l'électrification des usages pour diminuer la part de consommation de carbone sur le territoire. Nous, on participe à cette décarbonation en réduisant au maximum les incidences. C’est la stratégie énergétique de l’État qu’on applique, ce n’est pas parce que ça nous fait plaisir.” À ses yeux, les arguments écologiques locaux, de protection de la biodiversité des paysages littoraux, expriment en partie “une peur du changement”, concédant qu’ils sont “entendables”.

"Un horizon pur"

Tanguy Halna du Fretay insiste sur l’argument paysager, auquel on réduit souvent les oppositions aux éoliennes: “Si le projet avait été à 50 kilomètres ou plus au large, il n'y aurait pas le même discours. C’est de là d’où partent beaucoup de crispations.” Si elle n’est pas la seule préoccupation des oppositions, la préservation du paysage est un puissant levier anti-éolien. La page d’accueil du site internet de l’association Piebîem fait référence aux peintures de Belle-Île par le maître impressionniste Claude Monet. Quand on arrive dans le salon de son immense maison de Quiberon, illuminé par une magnifique vue sur l’océan, Robert Ployart prévient: “Profitez de la vue, de l’horizon pur. Bientôt ce sera couvert d’éoliennes.”

De l’autre côté de la presqu'île, sur la pointe du Vivier, Guillaume Bruneau, animateur pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et directeur d’une revue d’ornithologie, grince des dents face aux anti-éoliens, alors que les vagues s’écrasent le long de la côte sauvage de Quiberon: “Ce sont les gens qui ont détruit la côte en construisant partout qui veulent maintenant protéger la mer. Ce sont des égoïstes.” Il ne soutient pas pour autant le projet de Pennavel. Lui s’inscrit encore dans une autre vision de l’écologie. Il la veut décroissante et sans domination du vivant. En face, Robert Ployart dans son grand salon, Vincent Deshoux et Tanguy Halna du Fretay dans leurs bureaux, sourient devant la mer dont ils profitent encore.

Éolien : les écolos s'emmêlent

Ornithologues, naturalistes, élus : les voix écologistes n’approuvent pas non plus le projet d’éoliennes offshore prévu au large de Quiberon. Et interrogent avec inquiétude ses impacts sur la biodiversité.
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